Des mesures de protection liberticides ?

par Audrey Valin, sociologue, consultante et formatrice chez Kanyon Consulting, membre du réseau :anthropik, 30 avril 2020.

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Depuis le début de la mise en place des politiques de confinement partout dans le monde pour faire face à la pandémie de Covid-19, la question de la liberté – des libertés individuelles – s’impose. Qui plus est en France, la liberté est une tradition bien ancrée à laquelle les citoyen.ne.s doivent effectivement s’attacher, face à la facilité de nos « petites paresses quotidiennes ». Aussi, face au confinement comme au dé-confinement, la vigilance démocratique est-elle de mise.

D’abord, il est plus que nécessaire de faire très attention à ce que des mesures exceptionnelles de restriction des libertés individuelles ne s’ancrent pas dans la durée au prétexte d’un quelconque principe de précaution qui ne traduirait qu’une peur du lendemain, en l’occurrence d’une nouvelle pandémie. Car si les risques écologiques et sanitaires sont à inscrire dans nos réflexions quotidiennes, a fortiori politiques, la peur n’est jamais bonne conseillère ; c’est elle qui fait accepter aux individus les contraintes les plus répressives.

Salutaires à un moment donné, les règles établies sous la panique et dans l’urgence doivent donc se limiter au contexte de crise afin d’éviter les dérives liberticides. C’est le sens du débat autour de l’application de « contact tracing » StopCovid que le gouvernement veut mettre en place, entre inefficacité et atteinte aux libertés fondamentales[1]. Au-delà des nobles intentions de sécurité sanitaire, méfiance face aux usages abusifs.

Ensuite, si le contrôle social assure la protection et qu’en ce sens les normes et lois garantissent le bien-être des membres d’une société, n’oublions pas que le désordre est le garant d’une liberté vitale.